Le SMS, ce truc Sans Motif Spécial
J’sais pas faire, je ne possède pas la technique et l’appareil qui va avec.
Alors, voilà, je peux vous faire partager – que le bon Maître me le pardonne –
un JMS, oui : un Joli Message Sensitif :
« Nous traversons la Vistule et, sur l’autre rive, c’est la Vienne !
Là nous réalisons combien nous sommes étrangers (surtout celui avec le chapeau, en plus il doit avoir un couteau dans la botte, il est sans doute Moldave).
Bien sûr, nos cœurs sont en exil
et nos fantasmes assassinés.
Bien sûr nos corps à la dérive
et nos angoisses qui sont debout.
Mais voir un Merdureau pleurer.
Heureusement il y a Irma, la douce, dont chacun de nous espère son amour, et aussi cette Géante, mais là, ça passera pas comme ça. Gare au Mitard (mon adjudant La Rouille, il était rouquin).
Toi la Servante, toi la Maria quand tu en auras fini avec tes draps, va remplir le caddy pour le pique-nique dominical et surtout n’oublie pas le Vin du Roy qui nous honore de sa présence le dimanche au bord de l’eau.
La Ca d’Oro a sombré dans les flots du grand canal pour cause d’amour inassouvi.
Par bonheur il nous reste des canaletto qui témoignent de la splendeur de Venise.
Il ne faut pas tout oublier, alors regarde bien petit, regarde bien.
Vois là-bas cet enfoiré de Merdureau qui s’embarque sur le Styx.
Bien heureusement il reviendra chaque soir saluer le public parce que j’ai convaincu Hadès, Charon et leurs nochers de tout poil (avant la ruine de Venise, j’ai dévalisé le dernier compte) ils seront en balade sur la lagune jusqu’au 16 août.
Mais il se fait tard petit, tu dois rentrer chez toi, il se fait temps d’aller dormir.
Bonne nuit.
Derzou, dit Raymond
Pour faire un bouquet
(à celle ou celui qu’on aime et à toutes et tous bien sûr)
Vivons d’œuvres folles !
Disons des paroles
Qu’emporte le vent
Charles Cros
Je parfume ma vie aux rêves du Passé
Comme ce gueux qu’un jour j’ai vu, près d’un fossé
Qui mangeait son pain sec en respirant des roses
Armand Masson
La nuit , n’est autre chose qu’un chat noir de dimensions telles, qu’il masque le soleil,
et que les hommes ne peuvent voir qu’un de ses yeux : la lune
Quand il fait jour, c’est que le chat n’est pas là.
Jules Jouy
Aimez bien vos amours ; aimez l’amour qui rêve
Une rose à la lèvre et des fleurs dans les yeux ;
C’est lui que vous cherchez quand votre avril se lève,
Lui dont reste un parfum quand vos ans se font vieux.
Germain Nouveau
Va, tout est mieux
Dans ce monde pire !
Surtout laisse dire,
Surtout sois joyeux.
Paul Verlaine
LA JOURNÉE DU MUSICIEN
L’artiste doit régler sa vie.
Voici l’horaire précis de mes actes journaliers :
Mon lever : à 7h18 ; inspiré : de 10h23 à 11h47. Je déjeune à 12h11 et quitte la table à 12h14.
Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13h19 à 14h53. Autre inspiration : de 15h12 à 16h07.
Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc.) : de 16h21 à 18h47.
Le dîner est servi à 19h16 et terminé à 19h20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20h09 à 21h59.
Mon coucher a lieu régulièrement à 22h37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 22h37 (le mardi).
Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des os râpés ; de la graisse d’animaux morts ; du veau, du sel, des noix de coco, du poulet cuit dans de l’eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau).
Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J’ai bon appétit ; mais je ne parle en mangeant, de peur de m’étrangler.
Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi.
D’aspect très sérieux, si je ris, c’est sans le faire exprès. Je m’en excuse toujours et avec affabilité.
Je ne dors que d’un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d’un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.
Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.
Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils :
– Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.
Mémoires d’un amnésique
Réservé aux musiciens. Le premier qui trouve l’auteur de cette diatribe a droit à un doigt dans le creux poplité (indice dans la 3ème strophe).
DERZOU